Une marche dans les pas des Maquisards à Mussy-sur-Seine
Le 3 Août 1944, encerclé par les troupes allemandes, le maquis de Montcalm était évacué en bon ordre. Une randonnée propose de suivre les traces des maquisards.
850 Maquisards
Le Maquis de Mussy-Grancey, appelé maquis Montcalm, du surnom du lieutenant-colonel Émile Alagiraude, comptait en août 1944 environ 850 hommes stationnés dans les bois entre Mussy-sur-Seine et Grancey-sur-Ource. « Une particularité de ce maquis est son organisation militaire, explique Guy Prunier, président de l’Association Nature, Découverte et Chemins de Mémoire. Au centre se trouvait la compagnie de commandement et autour, comme les quatre feuilles d’un trèfle, quatre autres compagnies. »
12 000 hectares encerclés
Dans la nuit du 1er au 2 août 1944, les troupes allemandes ont entrepris d’encercler les 12 000 hectares de massif forestier qui dissimulaient le maquis. Un cordon a été mis en place, passant par diverses communes alentour comme Essoyes, Gyé-sur-Seine ou Autricourt. « Le matin, à 7h, ils ont refermé le dispositif et sont tombés sur la 1ère compagnie, au sud, qu’ils ont coupée en deux, raconte Guy Prunier. Les deux tiers des effectifs ont été rejetés à l’extérieur du dispositif. »
Une ferme au rôle crucial
« Alors que les Allemands terminaient leur encerclement, ils ont envoyé une colonne de troupes droit sur la ferme de Réveillon, pensant que c’était le poste de commandement », décrit Guy Prunier. Erreur, puisque la ferme n’était que le centre mobilisateur, où se rendaient les futures recrues. Celles-ci y passaient une visite médicale, étaient interrogées puis armées et dotés d’un matricule. « Quand un groupe de 25 ou 30 était formé, il rejoignait le cœur du maquis, de nuit », poursuit le guide conférencier. Un maquis secondaire y était en formation, le premier étant complet, et environ 150 hommes y étaient au moment de l’attaque. Tranchées et mitrailleuses attendaient les assaillants, qui n’ont pu atteindre la ferme, évacuée dans la journée vers le maquis principal.
À 12:00 : La contre-attaque
Quelques heures après la manœuvre allemande, le 2 août vers midi, « Montcalm a décidé de mener une contre attaque, depuis le poste de commandement, et l’emplacement de la 1ère compagnie a été repris, développe Guy Prunier. Ils ont réussi à faire une percée dans le dispositif d’encerclement. Le lendemain matin, très tôt, l’état-major du maquis s’est réuni et a décidé d’évacuer, en bon ordre, le maquis de Mussy-Grancey, comptant sur cette brèche. « Ils avaient estimé que les renforts allemands, qui permettraient de reformer le cordon, prendraient une douzaine d’heures à arriver, détaille Guy Prunier. Toutes les troupes du secteur étaient déjà sur place et les renforts devaient arriver d’assez loin. »
Le 3 Août : L’évacuation
Le 3 Août, 25 véhicules chargés des armes, munitions et explosifs quittent le maquis en direction d’un bois situé entre Molesmes et Les Riceys, en passant près de Villers-Patras, puis par la ferme de Beaujour. À partir de midi et pendant plusieurs heures, des groupes de maquisards, organisés, les imitent. Le maquis sera reformé une dizaine de jours plus tard, dans les bois de Chaource, et participera notamment à la libération de Troyes.
12 morts au combat
Au cours de cette attaque, 51 maquisards ont perdu la vie. « Ce qui est remarquable, c’est que seulement 12 ont été tués lors des combats, note Guy Prunier. Les autres ont été retrouvés après, isolés, donc on en déduit qu’ils avaient perdu leur commandement ou pris peur. » Et ce, alors que le dispositif allemand « comptait sans doute au moins 4000 hommes, reprend le guide conférencier, dont probablement 200 ont été tués, ce qui n’est pas étonnant puisqu’ils attaquaient un lieu bien défendu ».
17 km entre le Maquis et la ferme
« Le but de cette marche, c’est d’honorer la mémoire des anciens membres du maquis Montcalm », explique Guy Prunier. Depuis 20 ans, une randonnée permet au guide conférencier de faire revivre aux participants les événements des 2 et 3 août 1944. « La randonnée est organisée de façon quinquennale, détaille-t-il. Pendant quatre ans, le rendez-vous a lieu le 2 Août. On part des villages pris dans l’encerclement allemand, jusqu’à Mussy-sur-Seine. »
La cinquième année, et c’est le cas en 2019, la marche a lieu le 3 Août, et c’est le parcours des maquisards lors de l’évacuation du maquis, le 3 août, qui est suivi. « Un bus nous emmène au poste de commandement du maquis, en plein milieu des bois, précise Guy Prunier. De là on part à pied, le même jour, du même endroit, quasiment à la même heure, pour faire le même trajet vers la ferme de Beaujour que l’on fait les maquisards. »
Tout au long du trajet, le guide s’arrête aux points importants pour raconter l’histoire de ces journées, avant une conférence sur le sujet, à la ferme, en début d’après-midi. Le repas du midi, tiré du sac, se fait également sur place.
Les pré-inscriptions, toujours ouvertes, sont à faire auprès de l’office de tourisme au 03 25 38 42 08 ou de Guy Prunier au 03.25.38.45.16.